Les techniques d’orientation en trek sont des compétences fondamentales pour lesquelles il ne faut pas faire d’impasse en s’appuyant sur les techniques d’orientation numérique uniquement. Savoir s’orienter et naviguer d’un point A vers un point B est un besoin essentiel aux déplacements, et donc sa capacité de mobilité.
Les outils modernes que nous avons à notre disposition nous font oublier nos capacités naturelles et compétences acquises depuis la nuit des temps. Les Vikings ont atteint le Groenland, par des techniques que nous ne maîtrisons plus.
Les systèmes de navigation par satellites tels que le G.P.S., Glonas, Beidou, Galiléo nous permettent chaque jour de nous positionner à quelques mètres près, et d’utiliser des cartographies applicatives depuis nos terminaux mobile de manière simple et transparente.
C’est génial, et en plus nous disposons maintenant de données cartographiques numériques très précises que cela soit avec des ortho-photographies aux résolutions impressionnantes, ou des représentations « digitaliséés » en vecteurs avec des modèles numérique de terrain. Bref, les civils aujourd’hui peuvent disposer d’outils réservés il y à encore quelques années aux initiés et spécialistes.
1. Rétrospective
Certains s’en rappellent encore, les premiers terminaux GPS des années 90 trouvaient leur position à froid en 10 minutes environ. Nos terminaux aujourd’hui qu’ils soient assistés d’éphémérides satellites ou pas (A-GPS), permettent un positionnement 10 fois plus rapide. Les puces électroniques multi-systèmes sont compatibles avec les signaux de plusieurs systèmes comme GPS, Glonas, Beidou et Galiléo, et permettent donc d’exploiter plusieurs flottes satellitaires pour rendre transparentes les lacunes d’un système et ainsi fournir un niveau de service en localisation presque parfait.
Il ne faut pas oublier aussi de prendre en compte le climat géopolitique international lorsque l’on utilise un dispositif dans les mains d’un état seul. Les plus vieux doivent aussi se souvenir de la dégradation de la précision du GPS lors des différentes campagnes et conflits que les Etats-Unis d’Amérique ont pu mener dans le monde. Il y avait à ces périodes une quasi impossibilité de se fier au GPS durant la guerre du Koweit, et celle d’Irak. Il faut donc intégrer qu’en un claquement de doigts vos outils de géolocalisation pourraient disparaître de vos habitudes quotidienne. C’est aussi la raison d’être du programme Galileo.
2. Les techniques d’orientation
Bref ! Nous sommes devenus des tanches en orientation, des assistés numériques incapables d’aller au restaurant sans notre smartphone. C’est vraiment une dépendance de merde. Même si je suis aussi utilisateur des nouvelles technologies, je n’admets pas ne plus savoir comment m’en passer. Que cela soit en navigation marine à l’estime hauturière, en plongée sous-marine, en topo terrain sur carte d’état-major ou en ville, j’entretiens mes techniques d’orientation naturelle ou instrumentée.
Savoir observer est la base de l’orientation, l’instrumentation manuelle et numérique ne doivent intervenir qu’après des connaissances en orientation naturelle.
Nous pouvons donc définir trois grandes catégories de navigations :
- La navigation naturelle basée sur l’observation astronomique, météorologique, biologique avec la faune et la flore, puis géologique avec les reliefs et la nature des sols.
- La navigation instrumentée basée sur une instrumentation comme la boussole, l’astrolabe, le sextant, le compas à pointe sèche, l’octant, la carte …
- La navigation numérique basée sur des appareils numériques de géolocalisation satellitaire ou sur la base de signaux goniométrique (balises) embarquant aussi la cartographie numérique des terrains.
3. La navigation naturelle
Même si je ne me sens pas en reste, ce sujet est suffisamment bien traité par des spécialistes du domaine. Je vous propose donc de vous diriger vers les médias les plus pertinents en la matière. Les ouvrages et vidéos ci-dessous sont un ensemble de connaissances qu’il ne faut pas mettre de côté, car ils vont vous réapprendre ce que nous n’aurions jamais dû oublier.
3.1 Les travaux d’Alban Cambe
3.2 Les travaux de Tristan Gooley
4. La navigation instrumentée
Pour répondre à un maximum de cas d’usages en orientation et navigation, il faut faire appel à un ensemble d’outils spécifiques de la liste ci-dessous. On peut bien entendu ne pas avoir besoin de cet ensemble entier, mais le kit permettra de répondre aux principaux besoins, jusqu’à la possibilité de faire de la topographie légère. Posséder ces outils est un bon début, mais c’est loin d’être le plus important. La maîtrise du maniement de ces derniers doit rester l’objectif de leur possession. Voici les équipements permettant certes de s’orienter sur le terrain, mais aussi bien entendu de préparer un raid, trek ou randonnée :
- Une boussole (avec guidon de relèvement idéalement) et un compas de relèvement optique,
- Des cartes 1/25000e (1 cm sur la carte correspond à 250 m)
- Un clinomètre (permettant de mesurer des angles d’inclinaisons et pentes),
- Une règle rapporteur de type Cras ou Topographique (encombrement minimum rapporteur carré),
- Un curvimètre (permettant de mesurer les distances des tracés de carte),
- Un compas pointe sèche (Rapporteur d’échelle de coordonnées),
- Un crayon papier à pointe grasse (2B), une gomme et un taille crayon,
- Des jumelles et/ou compas de relèvement (permettant de déterminer azimut, gisement et relèvement facilement),
- Lampe frontale (permettant de s’orienter sur carte dans l’obscurité).
Restons simple pour l’instant et évaluons nos compétences :
Avec une carte combien d’entre-vous savent vraiment,
- lire sa sémiologie graphique (légende) ?
- mesurer des distances ?
- déterminer l’altitude ?
- identifier des points d’intérêts ?
- déterminer la pente avec les courbes de niveaux ?
- tracer des relèvements ?
- trianguler une position ?
- chercher des alignements réels ?
- reporter des coordonnées GPS ou l’inverse quelque soit le système géodésique et la projection ?
Avec une boussole (ou un compas) combien d’entre-vous savent vraiment,
- corriger la déclinaison magnétique de vos mesures sur la carte,
- déterminer un gisement, et faire le relevé sur carte ?
- ce qu’est un azimut ?
- maintenir un cap ?
- tracer un alignement ?
- déterminer une élévation ?
5. La navigation numérique
Baser ses techniques d’orientation uniquement sur le numérique est un très mauvais calcul. Il faut absolument être en capacité de passer en mode dégradé si votre dispositif numérique était dans l’incapacité d’offrir son service habituel (Rupture des communications satellites, brouillages, plus d’énergie, …) .
Point de vue : Seulement une fois que vous maîtriserez les techniques de navigation naturelle et instrumentée, vous pourrez ajouter la navigation numérique à vos compétences en navigation.
[Mode Troll On]
Là encore vous ne savez rien. Comme la plus part des utilisateurs, vous n’y pipez que dalle. J’en vois déjà certains s’énerver de mes propos. Oui à ce sujet vous ne savez vraiment pas grand chose sur les générations de puces, les technologies d’assistances A-GPS ou encore DGPS, du positionnement submètrique, de la constellation satellitaire minimum, de la droite de hauteur des satellites, des trames NMEA et Can Bus NMEA2000, des systèmes géodésiques, des projections …
Et oui là aussi, vous n’êtes que des consommateurs de technologies dont vous ne connaissez rien de ses limites ou avantages. Vous ne connaissez rien non plus à la cartographie numérique, les ortho-photographies hautes résolutions, les couches raster, ou couches vecteurs , le géo-codage…
[Mode Troll Off]
J’espère vous avoir assez énervé pour vous convaincre encore une fois de la limite de vos connaissances, et provoquer un regain d’intérêt et de formation. C’est pas grave d’être nul si on en prend conscience et que l’on y remédie. Sauvegarder un waypoint ou une trace sur un GPS est à la portée de tous les enfants.
La première étape est il me semble d’être en capacité d’utiliser un système de géolocalisation sans cartographie embarquée, et de savoir reporter des coordonnées (Ll) de l’appareil vers la carte, et de la carte vers l’appareil. Rien que là, je sais déjà que la moitié d’entre vous ne fera pas l’effort d’apprendre et restera incapable d’utiliser un GPS de base dans ce contexte.
Une fois cette exercice maîtrisé, il faudra apprendre à vous en servir en mouvement et suivre une route pour atteindre un point d’intérêt sans le dépasser. Le geocaching est un très bon exercice de manipulation.
Ensuite vous devrait être capable de transposer une route carte papier vers une trace numérique sans carte embarquée.
Utiliser des cartes numériques est un confort extrême, mais seriez vous capable de numériser vos propres cartes embarquées et produire des couches de données thématiques avec par exemple des fichiers GPX ? Pour exemple : Trouver de l’eau en randonnée
6. Quelques liens utiles
- La carte IGN pour les nuls : les 18 points clés pour savoir lire une carte
- L’orientation en survie [Survivalisme et Survie]
- Déplacement [Survie et Survivalisme]