Afin d’approfondir le sujet évoqué en surface dans l’article Détresse en zone isolée, je vous propose un complément d’enquête avec un article cette fois orienté uniquement sur les balises personnelles de détresse. Choisir une solution PLB (Personal Locator Beacon) nécessite de comprendre les technologies, les systèmes de détresse satellitaire au risque de faire l’acquisition d’un dispositif onéreux et surdimensionner face à vos besoins.
Pourquoi une balise de détresse ?
Principalement pour répondre à un besoin de secours dans une zone non couverte par un quelconque réseau de télécommunications aérien, terrestre ou maritime. En France les zones blanche existent malgré tout, mais il est vrai que cela reste assez marginal et localisé en zones montagneuses le plus souvent. Par contre à l’étranger la densification des réseaux de télécommunications mobile ne sont pas nécessairement au même niveau de déploiement.
Que peut-on attendre comme services satellitaires avec les balises personnels de détresse aujourd’hui ?
- Envoyer une alerte aux satellites qui transmettent aux autorités SAR* compétentes.
- Savoir que l’alerte à bien été diffusée en retour.
- Vos coordonnées géographique localisées par la balise transmises par satellite.
- Envoyer votre positon régulièrement pour obtenir un tracking (Services satellitaires commerciaux).
- Envoyer des messages et en recevoir (Services satellitaires commerciaux).
* Search and Rescue / Recherche et sauvetage
Voici donc pour simplifier la compréhension l’ensemble des services les plus courants.
Les cinq constellations satellitaires de détresse
Cospas-Sarsat, Iridium, Inmarsat, Thuraya ou Globalstar sont les principaux réseaux mondiaux permettant le routage des services de détresses. Pour autant ces réseaux de détresses ne couvrent pas les mêmes périmètres et surfaces du globe terrestre.
- Iridium est le seul réseau à couvrir la totalité du globe terrestre en communication cellulaire.
- Cospas-Sarsat couvre presque la totalité du globe (les deux calottes polaires ne sont pas couvertes).
- Inmarsat est le plus vieux, il est plus orienté sur la couverture maritime (On le met de côté même s’il couvre les zones terrestre).
- Globalstar est un réseau couvrant presque l’intégralité des surfaces continentales terrestres du globe, mais étrangement pas les latitudes de l’Afrique centrale.
- Thuraya est un réseau couvrant l’Europe de l’Ouest et d’Est, l’Afrique, le Proche Orient, le Moyen Orient et l’Extrême Orient.
Les balises de localisation personnelle
Les balises PLB COSPAS-SARSAT
Ce type de balise n’a pas d’abonnement, mais nécessite un enregistrement (Id PLB + Identité) auprès du CNES / ANFR pour les français.
Ce sont des balises exploitant deux fréquences d’émissions, 406 à 406.1 MHz (SARSAT) pour la détection satellite, et 121.500 MHz pour le radioguidage surfaces (Sol/Mer). Ce sont les satellites qui déterminent les coordonnées géographiques de la balise par Doppler satellite et Radiogoniométrie sol. Dans ce cas la précision du système satellitaire est d’environ 5 Km, et la géolocalisation peut prendre de 15 minutes à 4 heures en fonction de la latitude de la balise et celles des satellites. Ces balises ont de 24 à 48 heures d’autonomie en émission de détresse. Les PLB dotées d’une capacité de géolocalisation transmettent les coordonnées dans les signaux de détresses envoyés aux satellites, et augmente de facto la rapidité de localisation et ainsi augmenter considérablement le temps de prise en charge SAR.
Les balises Cospas-Sarsat émettent dans la fréquence 406 MHz avec une puissance crête de 5 watts. En cas d’activation le message d’alerte est transmis durant 0,5 secondes toutes les 50 secondes. Le message est une suite de bits longue selon le cas de 112 ou 144 bits dont le contenu dépend du protocole utilisé par le type de balise. Le message commence dans tous les cas par 24 bits utilisés par le récepteur pour la synchronisation et vérifier que le message est issu d’une balise du système. Les bits suivants comprennent de manière obligatoire l’identifiant de la balise. Cet identifiant, qui est unique, est codé sur 15 caractères hexadécimaux et comprend des informations sur l’origine de la balise. Si la balise a été enregistrée (dans plus de 90 % des cas) elle permet d’identifier son propriétaire. Lorsque la balise dispose d’un système de positionnement par satellite interne ou externe, la position de la balise (latitude, longitude, altitude) est fournie (message long de 144 caractères).
La balise émet en parallèle de manière continue un signal radio secondaire sur la fréquence 121,5 MHz qui permet aux équipes chargées du sauvetage de localiser la balise en utilisant des équipements de repérage fonctionnant sur cette fréquence.
La constellation satellitaire Galileo apporte à certaines balises PLB le RLS (Return Link Service) permettant à la balise compatible de recevoir un accusé de réception de détresse et ainsi rassurer la/les victime/s.
Les balises SENDs (Satellite Emergency Notification Devices)
Un niveau de service supplémentaire, mais pas nécessaire pour un signal de détresse simple : Ce sont les balises qui envoient les coordonnées géographique aux satellites et qui permettent une communication bidirectionnelle par messages courts (SMS). Ces balises nécessitent toutes un abonnement aux services plus ou moins onéreux. Ces dispositifs (pas tous) peuvent aussi offrir un tracking par la communication d’un plotting réguliers (5, 10, 15, 30, 60 minutes pour un coût supplémentaire).
Ces balises sont les « Must-Have » des balises personnelles, mais ne sont pas une nécessité absolue.
360° de quelques balises de détresse
Fast Find Ranger (PLB) [Cospas-Sarsat]
C’est de mon point de vue la solution à privilégier, avec un rapport risque/investissement individuel adapter au solo ou petit groupe. Le seul coût récurent sera le changement SAV de la pile tous les 5 ans environ.
InReach Mini 2 (SEND) [Iridium]
Une solution très séduisante sur le papier comme dans la réalité lorsque l’on considère le niveau de services et la couverture mondiale. C’est une solution cependant assez onéreuse à l’investissement, mais surtout ensuite en fonction des forfaits retenus. Je m’équiperais de ce type de balise, si j’étais professionnel d’activités de montagne ou d’expédition.
A titre indicatif hors frais de mise en service, le forfait basique mensuel sans engagement : 15€
Spot Gen 4 (SEND) [Globalstar]
Une solution aussi séduisante sur le papier comme dans la réalité lorsque l’on considère le niveau de services et la couverture presque mondiale. C’est une solution cependant assez onéreuse à l’investissement, mais surtout ensuite en fonction des forfaits retenus.
A titre indicatif hors frais de mise en service, le forfait basique mensuel avec engagement 12 mois : 15€
Motorola Defy Satellite Link (SEND) [Globalstar]
Toute nouvelle alternative plutôt intéressante économiquement s’appuyant sur l’opérateur Bullit et donc le déploiement international est en cours (couverture).
A titre indicatif hors frais de mise en service, le forfait basique mensuel avec engagement 12 mois : 5€
SOS Satellitaire à partir d’un iPhone 14 (Globalstar)
Sur le papier cela semble bien opportun lorsque l’on possède un iPhone 14 ou plus. Si vous êtes possesseur de l’appareil, effectivement cela n’implique pas de sur investissement. La fonctionnalité SOS d’urgence par satellite est utilisable gratuitement pendant deux ans après l’activation de l’iPhone 14 ou de l’iPhone 14 Pro.
Quid après deux ans ? Acheter le dernier iPhone ? Coût d’abonnement ensuite ? On ne sait pas …
A titre personnel je ne changerais pas pour l’instant mon iPhone pour bénéficier de cet avantage. De plus, un iPhone peut tomber en carafe pour plusieurs raisons, et ce n’est pas le type d’objet dont on attend de la robustesse d’une balise. Je considère donc que c’est une très bonne solution pour opérer une détresse dans les zones occidentalisées, mais que ce smartphone n’aura pas de sens dans les zones désertiques, tropicales et subtropicale, en mer où de manière générale vous serez presque toujours hors connectivité mobile. Donc oui si c’est pour couvrir des besoins en zone blanche occidentalisée, mais non pour de vraies voyages en zone perdues du bout du monde.