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Devenir Chef de Bord à la Voile

Naviguer en haute mer, piloter un voilier à travers les océans, et peut-être même envisager un tour du monde à la voile (#TDM), est une ambition profondément ancrée en moi depuis des décennies. Pourtant, cet article est loin d’être une lecture grand public. Pour la majorité des gens, les compétences techniques nécessaires pour devenir chef de bord à la voile peuvent paraître obscures, voire rébarbatives. Mais pour ceux qui, comme moi, portent en eux ce rêve de liberté en mer, cet exercice est essentiel.

Ayant accumulé plus de 15 ans d’expérience dans le domaine maritime depuis mes 17 ans, entre mon passage dans la Marine Nationale (La Royale), 7 années comme moniteur de plongée, et quelques aventures de cabotage à la voile, ces compétences forment une part importante de mon identité. Ce que je propose ici n’est pas seulement un simple guide des capacités nécessaires à la navigation, mais une auto-évaluation de mon parcours personnel. Chaque compétence que je liste est le reflet d’un bagage accumulé au fil des années, et que je m’efforce encore d’approfondir aujourd’hui pour être prêt le jour où je prendrai le large pour cette grande aventure.

Cet article est donc un peu un exercice de réflexion, mais aussi un partage. Pour ceux qui envisagent eux aussi de larguer les amarres pour une longue expédition, ou pour les passionnés de navigation, peut-être trouverez-vous ici un écho à vos propres aspirations. Mon objectif est double : évaluer mes propres capacités à gérer un voilier en toute autonomie et, qui sait, inspirer d’autres à perfectionner leurs compétences maritimes pour réaliser leurs rêves en mer.

Devenir Chef de Bord à la Voile

Pour ma part mon auto-évaluation est la suivante (Acquis / Intermédiaire / A revoir) :

Mon Bilan de Compétences comme Chef de Bord à la Voile

1. Navigation et Lecture des Cartes Maritimes

    • Utilisation des cartes marines : Comprendre et interpréter les cartes marines, incluant les symboles, les profondeurs, les balises, et les dangers potentiels comme les rochers, hauts-fonds, et épaves.
    • Traçage de routes et cap : Savoir tracer une route sur une carte marine, calculer un cap, ajuster la navigation en fonction des courants et dérives pour garantir un trajet efficace et sûr.
    • Prise de repères et navigation côtière : Se repérer par rapport à la côte en utilisant des amers comme des phares ou des bâtiments, et savoir faire des relèvements en utilisant le compas de relèvement.
    • Usage des outils de navigation : Maîtrise des instruments modernes comme le GPS, AIS (Automatic Identification System), radar et sondeur, pour améliorer la précision de la navigation.
    • La navigation côtière de nuit (2 zones) : Savoir utiliser des feux de navigation, des balises, et d’autres repères lumineux pour s’orienter de nuit. Comprendre l’importance de la visibilité et la gestion des risques associés à la navigation dans des eaux peu connues.
    • Navigation astronomique avec sextant : Savoir utiliser un sextant pour calculer la position en mer en se basant sur l’observation du soleil, de la lune ou des étoiles. La navigation astronomique reste un savoir essentiel en cas de défaillance des systèmes électroniques, garantissant une capacité de navigation autonome en haute mer.
    • Navigation à l’estime avec des moyens de fortune : En cas de panne d’équipements électroniques ou de la perte des instruments de navigation modernes, il est essentiel de savoir utiliser des moyens de fortune. Cela inclut l’estime (calcul de la position en fonction de la vitesse, du cap et du temps écoulé), l’utilisation des courants, des vents dominants, et des étoiles pour maintenir le cap, et même la fabrication d’un compas improvisé avec une aiguille magnétisée.

2. Météorologie Marine

    • Lecture des bulletins météo : Savoir analyser les systèmes météorologiques sur plusieurs jours pour anticiper les conditions et ajuster l’itinéraire. Connaître les applications modernes pour la météo marine (ex. Windy, PredictWind).
    • Prévisions locales : Comprendre les microclimats et savoir utiliser des instruments comme l’anémomètre et le baromètre pour des prévisions à court terme.
    • Vents et marées : Calculer les hauteurs de marée et savoir les utiliser pour passer certains passages à faible profondeur ou entrer dans des ports à marée.

1. Météorologie Côtière

      • Courants et phénomènes locaux : En navigation côtière, les courants marins jouent un rôle crucial dans la planification des routes. Il est important de connaître les courants locaux générés par les marées, et leur influence sur la vitesse du bateau. De plus, des phénomènes spécifiques comme les vents catabatiques (vents froids descendant des montagnes ou des reliefs vers la mer) peuvent fortement modifier les conditions de navigation.
      • Brises de terre et brises de mer : Les brises thermiques, telles que la brise de mer (soufflant de la mer vers la terre durant la journée) et la brise de terre (soufflant de la terre vers la mer durant la nuit), sont fréquentes en navigation côtière. Comprendre leur formation et savoir les utiliser à son avantage est essentiel pour optimiser la navigation près des côtes.
      • Effets topographiques : La proximité des reliefs côtiers, tels que les falaises et les montagnes, peut engendrer des phénomènes locaux comme des vents accélérés ou canalisés dans certaines zones. Le chef de bord doit être capable d’analyser les cartes et d’anticiper ces changements pour ajuster la navigation.

2. Météorologie Hauturière

      • Systèmes dépressionnaires et anticycloniques : En haute mer, les conditions météorologiques sont dominées par de grands systèmes météorologiques. Les dépressions amènent souvent des vents violents, de la pluie et une mer agitée, tandis que les anticyclones sont associés à des conditions plus stables et à une mer plus calme. Le chef de bord doit être capable de lire les cartes météorologiques, comprendre les isobares, et anticiper l’arrivée de ces systèmes.
      • Vents et alizés : Les vents alizés soufflent régulièrement dans les zones tropicales et subtropicales, créant des conditions de navigation idéales sur des routes bien établies, comme les traversées transatlantiques. Le chef de bord doit maîtriser la planification de ces navigations en fonction des saisons des alizés, tout en anticipant les cyclones tropicaux dans les zones concernées.
      • Phénomènes océaniques : En haute mer, les courants océaniques majeurs comme le Gulf Stream ou le Courant de Humbolt peuvent avoir un impact significatif sur la route et la vitesse du bateau. Une bonne connaissance de ces courants permet d’optimiser la traversée. De plus, les houles océaniques formées loin des côtes ont un rythme différent des vagues locales, et il est important de les comprendre pour assurer une navigation en sécurité.
      • Cyclones, tempêtes et grains : Les tempêtes et les cyclones peuvent rendre la navigation hauturière dangereuse. Le chef de bord doit savoir reconnaître les signes avant-coureurs de ces phénomènes météorologiques extrêmes, adapter la route et, si possible, éviter les zones à risque en utilisant les bulletins météo spécifiques aux zones océaniques.

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3. Compétence en Matelotage

    • Noeuds marins essentiels : Savoir réaliser des nœuds de base, tels que le nœud de chaise, le nœud en huit, le nœud de cabestan, le nœud de taquet et le nœud plat. Ces nœuds sont utilisés pour sécuriser les manœuvres et assurer la fiabilité des amarrages et des haubans dans diverses situations.
    • Épissures : Maîtrise de la technique pour réaliser des épissures sur des cordages, particulièrement utile pour créer ou renforcer des boucles, utiliser des manilles, ou pour prolonger la durée de vie des cordes endommagées.
    • Rangement en ordre et sécurité : Apprendre à ranger correctement les cordages et les équipements sur le pont pour éviter les enchevêtrements et limiter les risques de chutes ou d’accidents. Cela inclut le lovage des cordages après utilisation et le placement sécurisé des équipements pour garantir un pont dégagé et sécuritaire en navigation.
    • Entretien du pont : Assurer un entretien régulier du pont pour éviter l’accumulation de saleté et prévenir les dégradations dues aux UV, à l’eau de mer et aux intempéries. Cela inclut le nettoyage, l’inspection des équipements, et la vérification de l’étanchéité des coffres et autres éléments exposés aux éléments.
    • Manutention des cordages sous tension : Gérer les cordages sous tension en toute sécurité, qu’il s’agisse des écoutes ou des drisses. Cela inclut une bonne pratique pour libérer ou reprendre du mou sans risquer de perdre le contrôle de la manœuvre, ou de mettre en danger l’équipage.
    • Sauvetage en mer avec les cordages : Utiliser des cordages pour effectuer des manœuvres de sauvetage en mer, comme un lancer de ligne de vie ou le remorquage d’un autre bateau. Ces compétences sont cruciales dans les situations d’urgence.

4. Manœuvres à la voile

    • Prise de ris (Allures : Près, bon plein) : Réduire la surface de voile en fonction de la force du vent pour éviter de surtoiler le bateau. Il est crucial de savoir prendre un ris efficacement lorsque le bateau remonte au près, où la force du vent est plus intense, et dans des conditions de gros temps.
    • Virement de bord (Allures : Près, bon plein) : Le virement de bord consiste à changer de direction en passant face au vent lorsque le bateau navigue au près. Cela implique un changement d’amure (la voile passe d’un côté à l’autre). La coordination des manœuvres est essentielle pour éviter des chutes de tension dans les voiles et perdre de la vitesse.
    • Empannage (Allures : Vent arrière, grand largue) : L’empannage est un changement de direction sous le vent, où la grand-voile passe d’un bord à l’autre. Cette manœuvre est plus délicate car elle peut entraîner un mouvement brutal du bôme. Il est essentiel de bien gérer le passage de la voile pour éviter les embardées, notamment aux allures portantes.
    • Réglage des voiles (Allures : Toutes) : Optimiser la forme et la tension des voiles en fonction de l’allure du vent. À chaque allure (précis, près bon plein, largue, vent arrière), la position des écoutes, du hale-bas, et de la drisse doit être ajustée pour obtenir la meilleure propulsion. La bonne gestion de ces réglages maximise la performance du bateau.
    • Gestion du tangon (Allures : Vent arrière, grand largue) : Le tangon est un espar utilisé pour maintenir la voile d’avant (génois, spi) en position, particulièrement lors de la navigation au vent arrière. Il permet d’empêcher la voile de faseyer et d’assurer une meilleure propulsion dans les allures portantes.
    • Usage de l’enrouleur (Allures : Toutes) : Utiliser l’enrouleur pour réduire rapidement la voilure en cas de survente ou pour ajuster la taille du génois lors des changements d’allures. Cela est particulièrement utile pour passer d’une allure de près serré à une allure de vent arrière sans avoir à changer de voile.
    • Manœuvre du spinnaker (Allures : Vent arrière, grand largue) : Déployer, affaler et régler un spinnaker dans des conditions de vent portant. Le spinnaker est une voile légère, utilisée pour maximiser la vitesse aux allures portantes. Sa gestion requiert une coordination précise, particulièrement dans les virements de bord et empannages pour éviter les emmêlements.
    • Gestion du gennaker (Allures : Bon plein, largue) : Le gennaker est une voile hybride entre le génois et le spinnaker, utilisée pour des allures intermédiaires (du bon plein au vent arrière). Il est plus facile à manipuler que le spinnaker et offre un bon compromis en termes de puissance et de manœuvrabilité aux allures portantes.
    • Usage du tangon pour le génois ou spinnaker (Allures : Grand largue, vent arrière) : Le tangon est utilisé pour stabiliser le génois ou le spinnaker, maximisant l’ouverture de la voile et assurant une trajectoire plus stable au vent arrière. Cela permet de maintenir une bonne propulsion et de limiter les embardées dues aux variations de vent.

5. Sécurité en mer

La sécurité en mer est une priorité absolue pour tout chef de bord, car l’environnement marin peut rapidement devenir dangereux en cas d’imprévu. Une bonne préparation, une connaissance approfondie des équipements de survie, et des compétences en secourisme peuvent sauver des vies.

Survie en mer

      • Connaissance des équipements de survie : Tout bateau doit être équipé de matériel de survie de base, comme des gilets de sauvetage, des harnais de sécurité, des lignes de vie, et des radeaux de survie. Le skipper doit non seulement s’assurer que ces équipements sont présents et en bon état, mais aussi savoir les utiliser. Chaque membre d’équipage doit être formé à l’utilisation de ces dispositifs et à leur localisation sur le bateau.
      • Exercices d’évacuation : Organiser des exercices réguliers d’évacuation est essentiel pour familiariser l’équipage aux situations d’urgence. Ces exercices incluent l’embarquement rapide dans le radeau de survie, l’utilisation des fusées de signalisation et des balises de détresse (EPIRB et PLB). En cas de naufrage ou d’abandon du navire, savoir comment monter dans un radeau de survie, le maintenir à flot et le rendre visible aux secours est vital. La gestion de l’eau et des vivres doit également être organisée en cas de dérive prolongée.
      • Utilisation des radeaux de survie : Les radeaux de survie sont conçus pour flotter même dans les pires conditions, et ils sont équipés de vivres de base, d’eau et d’autres fournitures essentielles comme des kits de premiers secours. Le skipper doit s’assurer que le radeau est accessible et en bon état. En situation d’urgence, il est important de rester groupé, de rassembler les ressources, de rationner la nourriture et l’eau, et de protéger le radeau contre les intempéries.
      • Gestion des vivres et de l’eau en cas de longue dérive : En mer, l’accès à l’eau potable est crucial. En cas de dérive prolongée, il est important de savoir gérer les réserves d’eau et de vivres disponibles. Des techniques pour récupérer de l’eau de pluie et des moyens de filtrer ou de dessaliniser l’eau sont des compétences essentielles. La survie dépend souvent de la capacité à rationner ces ressources de manière stricte tout en maintenant un moral élevé au sein de l’équipage.

Premiers secours marins

      • Compétences de secourisme adaptées aux environnements isolés : En mer, l’accès à une aide médicale immédiate est souvent impossible, ce qui signifie que le skipper et l’équipage doivent être capables de gérer des urgences médicales par eux-mêmes. Il est indispensable de disposer à bord d’une trousse de premiers secours complète, adaptée aux longs voyages en mer. Le chef de bord doit être formé aux gestes de premiers secours, notamment pour soigner des coupures profondes, des brûlures, des fractures, ou traiter des problèmes comme la déshydratation, l’hypothermie, et le choc thermique.
      • Gestion des blessures graves : Certaines blessures nécessitent des compétences spécifiques. Par exemple, savoir arrêter une hémorragie ou immobiliser un membre fracturé est crucial. En cas de brûlures, il faut savoir appliquer les premiers soins pour prévenir les infections et limiter les dégâts. Il est également essentiel d’avoir des connaissances de base en gestion de la douleur et en soins prolongés, au cas où l’évacuation vers des services médicaux prendrait plusieurs jours.
      • Évacuation médicale en mer : Le skipper doit savoir comment organiser une évacuation médicale en mer, souvent en coordination avec les services de secours maritimes, comme les CROSS (Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage) ou les MRCC (Maritime Rescue Coordination Centers). Cela inclut l’utilisation de la VHF pour lancer un appel de détresse (« Mayday » ou « Pan-Pan »), et l’emploi de balises de détresse pour signaler la position du navire aux secours. Il est aussi important de comprendre les limitations des évacuations héliportées et de préparer l’équipage à assister un blessé durant l’attente des secours.

6. Maintenance du Voilier

    • Gréement : Inspection et entretien du gréement dormant (haubans, étais) et courant (drisses, écoutes), pour garantir la sécurité et la performance du bateau sous voile.
    • Réparation des voiles : Effectuer des réparations mineures en mer, comme recoudre des déchirures ou remplacer des garcettes pour éviter des dégâts majeurs pendant la navigation.
    • Moteur et systèmes mécaniques : Entretien préventif du moteur diesel, y compris la vidange d’huile, le remplacement des filtres à huile et à carburant, ainsi que la surveillance des courroies et pompes. Savoir diagnostiquer et résoudre les pannes, en particulier celles qui concernent les pompes d’eau de refroidissement, l’alternateur ou la batterie du moteur.
    • Gestion de l’énergie à bord : Maîtrise des systèmes d’électrification et des sources d’autoproduction énergétique, comme les panneaux solaires, les éoliennes et les hydrogénérateurs. Cela inclut le suivi de la production et de la consommation d’énergie en mer, l’entretien des batteries (prévention de la sulfatation, maintenance du niveau d’électrolyte), et le suivi des convertisseurs.
      • Systèmes de stockage d’énergie : Surveillance et maintenance du parc batterie (AGM, lithium, ou gel), avec un suivi constant du niveau de charge pour éviter les sous-tensions ou surtensions. Le dimensionnement adéquat du parc batterie est essentiel pour répondre aux besoins énergétiques du bord tout en assurant une autonomie suffisante.
      • Autoproduction énergétique : Assurer le bon fonctionnement des dispositifs de production d’énergie à bord, comme l’ajustement des panneaux solaires pour optimiser leur rendement, le suivi de l’orientation de l’éolienne, et la maintenance de l’hydrogénérateur (nettoyage des hélices, contrôle de la tension produite).
    • Tableaux électriques et circuits de distribution : S’assurer du bon fonctionnement des circuits électriques à bord, en vérifiant les tableaux électriques, les relais, fusibles, et interrupteurs. Savoir gérer les pannes électriques courantes, comme un disjoncteur qui saute ou un court-circuit, pour éviter de compromettre le confort et la sécurité à bord.

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7. Communication et Électronique de Bord

1. Électronique de Bord

      • Systèmes de navigation électronique :
        • Le GPS (Global Positioning System) permet de déterminer la position exacte du voilier en temps réel, facilitant ainsi la planification de routes précises. Il est essentiel de connaître l’utilisation du GPS, son paramétrage, et d’être capable de lire et d’interpréter les informations affichées pour une navigation sûre.
        • Le sondeur est un autre outil indispensable, permettant de mesurer la profondeur sous la quille et de repérer les dangers submergés tels que les rochers et bancs de sable. Il est crucial de savoir l’utiliser efficacement pour éviter les échouages.
      • Système AIS (Automatic Identification System) :
        • L’AIS est un système de prévention des collisions qui transmet les informations des autres navires (cap, vitesse, identité) à proximité, tout en envoyant celles de votre bateau. Le chef de bord doit maîtriser l’utilisation de l’AIS, savoir interpréter les données des autres navires et agir rapidement en cas de danger.
      • Radar de bord : Le radar permet de détecter d’autres navires, des côtes et des obstacles en cas de mauvaise visibilité (brouillard, nuit). Savoir utiliser un radar, ajuster les paramètres et interpréter les échos est une compétence importante, notamment pour les navigations en conditions difficiles.
      • Systèmes d’autopilotage : Les pilotes automatiques peuvent maintenir le cap du bateau de manière autonome, ce qui permet de réduire la fatigue lors des navigations de longue durée. La gestion de l’énergie est importante pour l’utilisation continue du pilote automatique. Un chef de bord doit donc comprendre le fonctionnement de cet équipement, savoir le paramétrer et le désactiver en cas de panne.
      • Chart Plotter – OpenCPN (Can Bus / Nmea 2000) : L’utilisation de CAN bus et de NMEA 2000 dans les voiliers modernes permet une intégration fluide des systèmes électroniques, améliorant ainsi la sécurité, la navigation et la gestion de l’énergie. Ces protocoles facilitent la communication entre les différents appareils à bord, rendant les opérations plus efficaces et fiables.

2. Moyens de Communication Longue Distance

      • VHF (Very High Frequency) :
        • La VHF est le principal moyen de communication maritime pour les courtes distances (jusqu’à 20-30 milles nautiques). Elle est utilisée pour communiquer avec d’autres bateaux, les autorités portuaires et en cas d’urgence. Le chef de bord doit connaître l’utilisation d’une VHF fixe et portable, savoir sur quels canaux se trouvent les communications de détresse (canal 16) et l’utilisation des DSC (Digital Selective Calling) pour les appels numériques d’urgence.
      • SSB (Single Side Band) :
        • Pour les navigations hauturières, la VHF devient insuffisante. Les radios SSB permettent de communiquer sur de longues distances (plusieurs milliers de kilomètres) et sont souvent utilisées pour rejoindre des réseaux maritimes, recevoir des bulletins météo, et signaler sa position en haute mer. Apprendre à opérer une radio SSB est essentiel pour les traversées océaniques, surtout dans les zones éloignées des côtes.
      • Téléphone satellite :
        • Les téléphones satellites, comme ceux utilisant le réseau Iridium, permettent des communications vocales et textuelles globales depuis n’importe quelle position en mer. Ils sont particulièrement utiles pour recevoir des mises à jour météo, envoyer des messages aux proches, et appeler les secours en cas d’urgence. Le chef de bord doit savoir comment utiliser un téléphone satellite et assurer la maintenance de cet équipement essentiel.
      • Inmarsat et autres systèmes de communication satellite :
        • Le système Inmarsat permet non seulement la communication vocale, mais aussi l’envoi de données (mails, fichiers) en mer. C’est un système fiable utilisé par les bateaux de commerce et de plaisance hauturière. Maîtriser l’utilisation d’Inmarsat pour accéder aux prévisions météorologiques et assurer une communication régulière est indispensable pour les longues navigations.
      • Balises de détresse (EPIRB et PLB) :
        • L’EPIRB (Emergency Position Indicating Radio Beacon) et le PLB (Personal Locator Beacon) sont des dispositifs de signalisation d’urgence. En cas de détresse, ils envoient des signaux aux satellites pour alerter les services de secours et donner la position du navire. Le chef de bord doit savoir activer ces balises en cas de besoin et en assurer la maintenance (vérification des batteries, tests périodiques).

3. Maintenance des équipements électroniques

      • Savoir diagnostiquer et réparer les pannes électroniques mineures (fusibles grillés, câbles endommagés, corrosion) est indispensable. Le chef de bord doit également comprendre les principes de base de l’étanchéité des circuits et des composants électroniques pour protéger ces systèmes des environnements marins corrosifs.

plotter Voilier

8. Maintenance des systèmes vitaux

    • Systèmes d’eau : Savoir entretenir et réparer un dessalinisateur (ou osmoseur), qui permet de convertir l’eau de mer en eau douce pour les besoins du bateau. Cela inclut le remplacement régulier des filtres, la surveillance des membranes d’osmose inverse, et le rinçage à l’eau douce après chaque utilisation pour éviter l’accumulation de sel. En cas de défaillance, il est essentiel de connaître les pannes courantes (obstruction des filtres, fuite, problème de pression) et les solutions de dépannage.
    • Gestion des réservoirs d’eau potable et des pompes : Contrôler la qualité de l’eau stockée, vérifier les pompes à eau douce et à eau de mer, et anticiper les réparations en cas de défaillance.
    • Gestion des vivres : Organisation du stockage des vivres et gestion rationnelle pour de longues traversées, tout en tenant compte des conditions d’humidité et de température en mer.
    • Traitement des déchets : Gérer les déchets à bord de manière écologique et conforme aux réglementations maritimes, notamment en utilisant des solutions de gestion des eaux noires et grises.

9. Manœuvres de Port et Mouillage

1. Amarrage

      • Techniques d’Amarrage : Savoir réaliser des manœuvres d’amarrage en utilisant différents types de amarres (courtes, longues, avec ou sans ressort) selon les conditions de vent et de courant. La connaissance des différents points d’amarrage (ponton, bouée) est cruciale.
      • Prise en compte des marées et des courants : Adapter les techniques d’amarrage en fonction des fluctuations de la marée et de la force du courant pour éviter que le bateau ne heurte le quai ou d’autres embarcations.

2. Ancrage en Sécurité

      • Choix d’un Bon Mouillage : Savoir évaluer un site de mouillage pour l’ancrage en prenant en compte la profondeur, la nature du fond (sable, vase, rocher) et la direction du vent. Un bon mouillage doit offrir une protection contre les vagues et le vent.
      • Poser l’Ancre Correctement : Maîtriser la technique de poser l’ancre en marche arrière pour s’assurer qu’elle se fixe correctement au fond. Évaluer la longueur de chaîne ou de cordage nécessaire (généralement 5 à 7 fois la profondeur de l’eau).
      • Surveiller la Dérive de l’Ancre : Utiliser un système de surveillance (sondeur, GPS) pour s’assurer que le bateau ne dérive pas pendant la nuit ou en cas de changement de conditions météorologiques.

3. Utilisation des Pare-Battages et des Amarres

      • Protection du Bateau : Installer des pare-battages sur les côtés du bateau pour éviter les dommages lors des manœuvres en port ou en mouillage. Ils protègent également le bateau des impacts contre les quais ou d’autres navires.
      • Manœuvre des Amarres : Savoir gérer les amarres en fonction des conditions (ajuster la tension) et utiliser les bons nœuds pour sécuriser le bateau en toute sécurité.

4. Manœuvres en Port

      • Préparation Avant l’Entrée au Port : Vérifier la configuration du port, prendre en compte la météo et le courant avant d’entrer. S’assurer que l’équipage est en place et comprend les instructions.
      • Manœuvres de Rentrées et Sorties : Utiliser la barre et les voiles pour manœuvrer avec précision dans l’espace restreint d’un port, y compris les techniques de marche arrière, de virage en épingle et de rotation à 360 degrés.
      • Interaction avec les Autres Usagers : Être conscient des autres navires, des jetées, des bouées et des infrastructures portuaires. Utiliser des signaux sonores et visuels appropriés pour indiquer ses intentions.

10. Gestion de la vie à bord

1. Organisation des Quarts

      • Planification des Quarts : Établir un système de quarts pour assurer une navigation continue et sécurisée, en alternant les membres d’équipage sur des périodes définies (généralement de 2 à 4 heures). Cette organisation est cruciale pour maintenir la vigilance, surtout lors de navigations nocturnes ou dans des conditions difficiles.
      • Rotation des Tâches : Assurer que chaque membre de l’équipage est formé pour différentes fonctions (barreur, veilleur, manœuvrier) afin de diversifier les compétences et de maintenir l’engagement.

2. Gestion du Sommeil et de la Fatigue

      • Cycles de Sommeil : Comprendre l’importance d’un sommeil suffisant pour chaque membre de l’équipage. Établir des périodes de repos en fonction de la charge de travail, des conditions météo et des exigences de la navigation.
      • Surveillance des Signes de Fatigue : Être attentif aux signes de fatigue (irritabilité, manque de concentration) et prendre des mesures proactives pour éviter l’épuisement.

3. Activités de Loisirs et de Détente

      • Prévoir des Moments de Détente : Intégrer des temps de loisirs pour renforcer la cohésion d’équipe et le bien-être de l’équipage. Cela peut inclure des jeux, des discussions autour d’un repas, ou même des moments de calme pour lire ou contempler la mer.
      • Exercices Physiques : Encourager des activités physiques régulières pour maintenir la forme physique de l’équipage et réduire le stress.

11. Navigation en Conditions Difficiles

    • Manœuvres par mauvais temps : Naviguer dans des conditions météorologiques difficiles, comme les tempêtes ou les vents forts, demande une grande expertise. Il est crucial de savoir réduire la voilure en amarrant les ris (prise de ris) pour éviter de surtoiler le bateau, ce qui peut mettre en danger la stabilité du navire. Sous forte houle, la gestion du cap pour maintenir le bateau à l’abri des vagues les plus puissantes est primordiale. Parfois, le skipper doit décider s’il est plus prudent de poursuivre la navigation en ajustant la route ou de chercher un refuge en fonction des prévisions météorologiques.
    • Voiles de tempête : En cas de mauvais temps, l’utilisation de voiles spécifiquement conçues pour affronter des conditions extrêmes est indispensable. La trinquette sur étai largable permet de réduire significativement la voilure avant pour mieux contrôler le bateau. Le tourmentin, une petite voile de tempête, est utilisé pour naviguer dans des vents très forts. La maîtrise de ces voiles est vitale pour garder le contrôle du bateau sans risquer d’endommager le gréement ou de mettre l’équipage en danger.

12. Réglementation Maritime

    • Règles COLREG : Les règles de prévention des abordages en mer (COLREG) sont des normes internationales que tout skipper doit connaître. Elles définissent les priorités de passage, les comportements à adopter lors des croisements de navires, et les signaux visuels et sonores à utiliser dans différentes situations. En haute mer, ces règles permettent d’éviter les collisions, surtout dans des zones de trafic maritime dense. Il est essentiel de bien comprendre ces priorités et de savoir réagir rapidement en fonction des situations (croisements, dépassements, rencontre avec des navires à propulsion mécanique ou à la voile, etc.).
    • Permis et certifications : La navigation en haute mer et dans les eaux internationales exige des permis spécifiques en fonction des pays et des zones traversées. Certains pays requièrent des certifications particulières pour les skippers étrangers, tandis que d’autres zones maritimes protégées ou parcs marins imposent des restrictions strictes en matière de navigation. Avoir une connaissance approfondie des permis et des réglementations locales est essentiel pour éviter les sanctions et garantir la sécurité des équipages et des écosystèmes marins.

13. Compétences de Survie en Pleine Mer

    • Gestion de l’eau et de la nourriture : En pleine mer, la gestion des ressources vitales, notamment l’eau et la nourriture, est cruciale. En cas de pénurie d’eau potable, savoir capter de l’eau de pluie grâce à des systèmes simples (toiles tendues pour récupérer les précipitations) peut faire la différence entre la survie et la déshydratation. De plus, des connaissances basiques en pêche en mer, comme l’utilisation de lignes ou de filets, permettent de compléter les vivres en cas de longs trajets.
    • Signaler sa présence : En cas d’urgence, signaler la position du bateau peut sauver des vies. Les moyens passifs comme les miroirs de signalisation ou les réflecteurs radar aident à se rendre visible des autres navires. Les moyens actifs incluent l’utilisation de fusées parachutes, de fusées à main, et surtout la radio VHF pour lancer des appels de détresse. Les balises EPIRB (Emergency Position Indicating Radio Beacon) envoient automatiquement un signal de localisation aux secours en cas de naufrage ou de situation de détresse.

14. Préparation Mentale et Psychologique

    • Gestion de l’isolement : La navigation, surtout lors de longues traversées en solitaire ou avec un petit équipage, peut provoquer un sentiment de solitude ou d’isolement intense. Il est essentiel de prévoir des stratégies pour maintenir le moral, comme la mise en place de routines journalières, des activités récréatives (musique, lecture, écriture), et des communications régulières avec des proches via des moyens de communication longue distance (téléphones satellites, emails).
    • Résilience : La résilience est la capacité à rester calme et à prendre des décisions rationnelles face aux situations imprévues. En mer, les crises peuvent survenir rapidement : avaries, changements météorologiques soudains, incidents de santé. Le skipper doit être capable de gérer ces situations de manière efficace, tout en maintenant la sécurité de l’équipage et du navire. Cela inclut la capacité à gérer le stress et à trouver des solutions pratiques face aux problèmes, souvent sans soutien externe immédiat.

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15. Naviguer en solitaire

Naviguer en solitaire, surtout lors de longs trajets ou dans des conditions difficiles, exige une maîtrise et une préparation spécifiques. Voici les aspects clés et les défis à surmonter lorsque l’on choisit la navigation en solitaire :

1. Gestion du Voilier en Autonomie

En navigation solitaire, la capacité à manœuvrer un bateau seul est cruciale. Cela inclut la gestion des voiles, du cap, et des instruments de navigation sans l’aide d’un équipage. Il faut être capable d’effectuer toutes les manœuvres, telles que les virements de bord, les prises de ris, ou encore la gestion du spinnaker, seul et rapidement. Cela demande une coordination parfaite et une excellente anticipation.

Automatisation des manœuvres : Pour alléger le travail, les voiliers conçus pour la navigation en solitaire sont souvent équipés de dispositifs comme des enrouleurs automatiques de voiles, des pilotes automatiques et des systèmes d’écoute centralisés (piano).

2. Anticipation et Planification des Manœuvres

Sans équipage pour réagir rapidement, l’anticipation devient une compétence essentielle. Le skipper doit toujours être en avance sur la situation pour éviter de se retrouver dans des positions critiques, surtout lors de changements météorologiques rapides ou d’approches portuaires complexes.

Manœuvres simplifiées : En solitaire, il est recommandé de privilégier des configurations de voilure plus simples, comme un foc autovireur ou une grand-voile avec des ris automatiques. Ces systèmes facilitent le contrôle du bateau sans nécessiter des déplacements constants sur le pont.

3. Surveillance et Sécurité

La veille continue est une autre exigence majeure. En mer, il est nécessaire de maintenir une vigilance permanente, que ce soit pour éviter les collisions, gérer les conditions météorologiques ou simplement vérifier l’état du bateau. Pour cette raison, de nombreux navigateurs solitaires s’appuient sur des systèmes électroniques comme l’AIS (Automatic Identification System) ou le radar pour les aider à surveiller les dangers potentiels pendant qu’ils prennent des courtes périodes de repos.

      • Closest Point of Approach (CPA) = Point d’approche le plus près.
      • Time to Closest Point of Approach (TCPA) = Temps du point d’approche le plus près.

Systèmes de sécurité : Les lignes de vie, les harnais, et les systèmes d’alarme sont également essentiels pour assurer la sécurité à bord, en particulier par mauvais temps ou pendant les manœuvres nocturnes. La perte de vigilance ou une chute à la mer en solitaire peut être fatale.

4. Rythme de Vie à Bord et Gestion de la Fatigue

La gestion de la fatigue est l’un des plus grands défis de la navigation en solitaire. Le navigateur doit répartir ses périodes de sommeil en fonction des besoins du bateau et des conditions maritimes. En haute mer, de nombreux solitaires adoptent une routine de micro-siestes d’une vingtaine de minutes, tout en s’assurant qu’ils restent en alerte pour des dangers immédiats.

Le sommeil polyphasique et l’organisation des quarts : En solitaire, le rythme de sommeil est fragmenté, souvent en cycles de veille de 20 à 30 minutes, afin de maintenir une surveillance minimale. Le repos physique et mental est toutefois essentiel pour la sécurité à long terme. 

Etre capable de dormir peu et un avantage en situation de tension nécessitant d’être vigilant et éveiller. Etre capable de récupérer en plusieurs phases de sommeil fractionnées est un atout non négligeable. Dormir de manière fractionnée régulièrement, et à ne jamais dépasser des sommeils de récupérations de 30 minutes. Voici les fractionnements que l’on peut adopter en fonction de la situation et de la criticité (Mauvais temps, Navigation en zone dense, Mouillage, Pétole). La répartition Uberman semble être la plus adaptée en navigation hauturière.

        • Siesta : 6 h + 1 sieste de 20 min
        • Everyman 2 : 4 h 30 + 2 siestes de 20 min
        • Everyman 3 : 3 h + 3 siestes de 20 min
        • Everyman 4 : 1 h 30 + 4 siestes de 20 min
        • Uberman : 6 siestes de 20 min toutes les 4 heures
        • Dymaxion : 4 siestes de 30 min toutes les 6 heures

Conclusion

Devenir chef de bord à la voile n’est pas seulement une question de maîtrise technique, mais aussi de responsabilité, de préparation mentale et physique, et d’une profonde compréhension de l’environnement maritime. Ce rôle requiert un ensemble complet de compétences, allant de la navigation à la gestion de l’équipage, en passant par la sécurité en mer et la prise de décision stratégique sous pression. Naviguer à la voile, particulièrement en solitaire ou en haute mer, demande non seulement des connaissances maritimes approfondies mais aussi une capacité d’adaptation face à l’imprévu.

Le parcours pour acquérir ces compétences est exigeant, mais chaque étape renforce votre confiance en tant que skipper et garantie la sécurité et le succès de vos traversées. La formation continue, l’expérience pratique et une préparation minutieuse sont essentielles pour maîtriser les multiples aspects du rôle de chef de bord.

Que vous envisagiez un tour du monde à la voile ou simplement des sorties côtières régulières, cette connaissance holistique vous permettra d’affronter les défis marins avec sérénité et assurance, tout en vivant pleinement l’aventure que représente la navigation à la voile. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi j’ai commandé La 9ème édition du livre « Le Cours des Glénans » .

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