You are currently viewing Détresse en zone isolée

Détresse en zone isolée

Une situation de détresse en zone isolée ne nous expose pas aux mêmes risques que dans des zones urbanisées pour plusieurs raisons : La proximité des secours, un réseau densifié de communication, et une fréquentation de population plus nombreuse augmentent naturellement la capacité d’alerter, et d’être rapidement secouru qu’en situation de détresse isolé de tous ces facteurs.

Ces derniers mois l’inspiration ne m’a pas laisser l’occasion de rédiger beaucoup de contenu. Cependant, suite aux visionnages de quelques chaines Youtube et du suivi de quelques profils sur les réseaux sociaux, je me suis rendu compte, que de manière générale peu de personnes étaient sensibilisées aux situations d’assistances et de détresse en montagne (zone potentiellement hostile).

Vigilance

Au-delà des compétences de secourisme, qu’il serait bon que tout le monde acquière sans rechigner, je constate aussi que peu de personnes sont en capacité d’évaluer les risques d’une randonnée en montagne, et cela même par la plus belle des journée d’été. Bien entendu, il est de la responsabilité de chacun d’être à jour des conditions météorologiques d’un site, de la complexité du parcours, et de savoir évaluer les risques d’une sortie, pour prendre en considération un minimum de solutions à des situations pouvant devenir critique.

La gestion des risques n’est pas un sujet de troisième ordre, et devrait même être pour tout le monde le premier sujet d’intérêt. Mais dans le cas de randonnées alpines engagées et isolées, cela devrait être la priorité. Sachez que même les plus chevronnés, voir même des spécialistes se sont vus faire intervenir le PGHM (Pelotons de gendarmerie de haute montagne) ou du GHSC (sécurité civile).

Alerter

On le sait « Alerter » doit être la première des actions à effectuer dans une situation critique mettant en péril la vie d’une personne. Pour autant, je me rends compte que beaucoup ne sont pas en capacité de router l’alerte en situation de stress. Ils ne savent pas qui appeler alors qu’ils sont en détresse, mais surtout ils se rendent parfois compte qu’ils sont hors connexions téléphonique une fois sur place, et donc en incapacité d’alerter les services dédiés à l’intervention des secours. Imaginez qu’en sortie solo, vous-même ne serez peut-être pas en capacité d’effectuer un appel.

Anticiper et prévenir

Premier conseil : Avant de partir en randonnée, vous devriez prévenir une personne de confiance de votre projet, de la zone et du tracé prévu, puis donner un délai d’alerte à cette personne (Jour + Heure de retour). Ainsi sans nouvelle de votre part après ce délai, cette personne pourra alerter les autorités compétentes.

Deuxième conseil : Avant de vous aventurer dans une zone inconnue pour une randonnée potentiellement isolée, vous devriez consulter la couverture mobile et déterminer si vous serez en zone blanche (non connecté voix/sms) avec le portail de l’ARCEP :

Portail ARCEP - Couverture mobile

C’est de mon point de vue irresponsable de partir sans savoir, et surtout lorsqu’un groupe d’individus fait confiance en un leader charismatique sans considérer la responsabilité qu’il porte dans l’activité. Si la zone d’activité n’est pas une zone blanche, chacun aura la capacité et la légitimité d’alerter.

Dispositifs d’alerte détresse en zone blanche

Au-delà des dispositifs humains de dernière chance comme les signaux SOS, au sol, avec lumière, fumée, son et autres méthodes ne nécessitant pas d’équipements communicant, il existe principalement deux types d’alternatives pour alerter par ondes. A titre d’exemple, si je devais accompagner ma famille ou un groupe de personnes dans une zone isolé et potentiellement hostile, j’amènerai une de ces deux solutions.

Les balises de détresse (PLB = Personal Locator Beacon)

Sans faire un cours très technique, ces balises peuvent embarquer plusieurs technologies radiofréquences (sol et/ou satellite), avec géolocalisation, et pour les plus récente le Return Link Service (Accusé de réception de détresse), puis encore la capacité de communication bilatérale (avec abonnements plus chers). Il existe énormément de solutions sur le marché avec une fourchette de prix allant de 200€ à des milliers d’euros, sans compter les charges récurrentes mais interruptibles d’abonnements. Il est vrai en France les zones blanche sont rares et l’investissement n’est pas forcément utile. A l’étranger il a des pays où cette solution pourra sécuriser une expédition isolée. Voici un exemple de détresse satellite :

Système COSPAS-SARSAT

Pour autant, il est possible d’acquérir des solutions au rapport économique Risques/Investissement cohérent pour sécuriser une activité régulière, voir de groupe.

A choisir

A titre personnel, si je devais investir dans une PLB, je m’orienterai vers deux types de balises :

Sans abonnement :

La balise de détresse individuelle sans abonnement Vaïma Fast Find Ranger PLB 406 MHz avec GPS (il existe des variantes Galiléo + GPS).

Avec abonnements :

La balise Garmin Inreach mini 2 avec un abonnement.

Garmin InReach Mini 2

Remarque :

Il existe aussi des balises exploitant les réseaux longues portée de l’internet des objets comme les réseaux opérés Sigfox ou LoRa. Je me permets de poser un bémol sur ces solutions car nous aurons aussi des zones blanche (Non connectée). Certes les abonnements sont nettement moins chers, mais ces solutions n’apportent que peu d’avantages comme les réseaux de téléphonie mobile.

Les bandes radio VHF et UHF

Le Canal E en VHF (Emergency)

Il existe une alternative plutôt intéressante que l’on exploite depuis quelques décennies mais assez peu connu les non professionnels de la montagne. Le canal E en VHF est un réseau de relais radio (Very High Frequency) disponible dans le massif Alpin et étendu aux pays frontaliers (Italie, Suisse). Il faut malgré tout avoir un minimum de connaissances radio pour pouvoir l’utiliser.

Ce canal radio utilise une fréquence commune (161,300 MHz) qui permet de transmettre une demande de secours. Cette demande peut être reçue par  une centrale de secours. L’urgence sera de toute façon gérée par la centrale de secours compétente sur le territoire en question. Ces centres sont connectés entre eux afin de coordonner les opérations de secours.

Qui peut utiliser la fréquence ?

    • les professionnels de la montagne ;
    • les exploitants des remontées mécaniques ;
    • les exploitants des pistes de ski ;
    • les alpinistes, les randonneurs, les skieurs ;
    • les personnes qui pratiquent différents sports et activités de plein air en montagne.

Le canal E peut être utilisé uniquement pour les appels d’urgence.

En UHF (Ultra High Frequency) dans la bande PMR Canal 7.7 (Canal 7 PMR CTSS 7)

Le PMR, pour Private Mobile Radio, est une norme européenne qui permet d’utiliser sans licence ni autorisation particulière certaines fréquences radio pour communiquer. Ces fréquences vont de 446,000 Mhz (mégahertz) à 446,200 Mhz (d’où le nom PMR446). Le PMR est libre d’utilisation, à condition de respecter les normes prévues : utiliser la bande UHF à une puissance limitée de 0,5 watts, sans antenne démontable.

Dans les Pyrénées une démarche disons plutôt associative se déploie depuis 2014 à l’initiative des secours Espagnol (canal77pmr.com) sur les fréquences libre PMR et harmonisées en Europe. Des relais et des veilleurs s’organisent pour relayer auprès des services compétents les détresses reçues sur la fréquence PMR 446.08125 MHz (CTCSS 85,4 Hz) [CTCSS pseudo sous canal par filtrage de tonalité]. Cette démarche commence à se démocratiser en France aussi.

PMR Canal 7 ctcss7

Le TX/RX (L’émetteur récepteur)

Il est donc possible de configurer une radio portable sur ce canal E et le 7-7 PMR pour disposer d’un moyen complémentaire d’alerte en haute montage. A titre d’exemple voici une radio permettant la programmation des deux canaux en question (Voir plus mais attention à la législation). Le TYT UV-88 chez Passion-Radio est probablement le meilleur compromis économique pour 35€. Manuel de configuration du canal-E

TYT UV-88

Solo vs Groupe un critère de responsabilité

A titre personnel, il est vrai je pars souvent en solo. Partir seul est bien entendu plus risqué que de partir en groupe. Certes une seule vie est en jeu, mais le soliste prend de manière générale plus de risque qu’un groupe car en cas d’inconscience suite à un évènement imprévu, il sera souvent plus facilement isolé de sa capacité d’alerte. Partir à plusieurs est donc une démarche en théorie plus sécurisée.

J’espère avec cet article avoir ouvert vos Chakras en matière d’alerte.

Bon trek et Stay Safe.

Cette publication a un commentaire

  1. El Phaco

    Merci beaucoup pour ton article.

    J’ai particulièrement apprécié le condensé sur les dispositifs d’alerte détresse en zone blanche car cela me semblait bien flou auparavant.

    Je n’ai pas besoin de préciser que ce genre de solutions peut sauver une vie mais grâce à cet article tout devient plus clair, et offre donc des alternatives concrètes.

    Un partage utile, passionnant, et qui me fera réfléchir. Merci beaucoup.

    El Phaco.

Laisser un commentaire