30 ans au moins que je n’avais pas été camper en altitude. Bivouaquer n’est pas une première, mais dormir en altitude à plus de 2000 mètres, au calme, au frais, et redécouvrir la voute céleste propre de toutes pollutions aériennes et lumineuses des agglomérations, nous offre toute l’intensité du ciel étoilé. Une merveille à portée de jambes… Pour ces retrouvailles, j’ai choisi un lieu que je connaissais déjà. Les gorges et la vallée de la Carança. Ce bivouac était pour moi une réconciliation avec l’autonomie, le calme, la déconnexion et l’introspection. S’autocenter dans cette expérience est un bain d’énergie irremplaçable. Bivouac dans la Vallée de la Carança
Les Gorges de la Carança
Passer le tumulte des gorges dans lequel on croise en été des centaines de personnes attirées par les corniches, les passerelles, le brouha du torrent, et la fraicheur ombragée du bord de la Carança, nous nous retrouvons sur le replat du petit pont de pierre (1100 m) non loin d’une cascade, où dès lors seuls les courageux continuerons à marcher. Les visiteurs dont beaucoup d’enfants sont souvent déjà fatigués par les premiers 200 mètres de dénivelé. Je ne peux les blâmer de venir profiter de cet endroit offrant un petit sentiment d’aventure avec cette succession de passerelles fixes ou flottantes (pseudo pont de singe) au dessus du torrent.
Le projet des personnes qui passe le pont de Pedra n’est autre au minimum, que de monter dans la haute vallée du refuge du Ras de la Carança (1831 m). Vers 15:00 me voici au refuge, je retrouve un randonneur m’ayant doublé rapidement durant la montée. Je discute avec lui, et il me raconte qu’il est berger, et qui lui reste encore 4 heures de marche pour gagner sa bergerie et son estive au col del Pal à l’Est de notre position. Nous profitons de nos pauses pour causer un peu en buvant des Estrella (Binouze Espagnole. Oops désolé, Catalane !).
Après le refuge
A 16:15, je me remets en marcher histoire de me rapprocher de l’Etang Carança. En route et non loin de mon point de bivouac je traverse une longue prairie où un troupeau de vaches se régalent. Je monte encore et là une première Marmotte dévale bruyamment telle la foudre dans les herbes hautes pour stopper entre deux cailloux. Je vois sa tête dépasser et m’épier. Une deuxième déboule aussi la pente et vient se percher plus loin et plus haut et reste debout sur son mirador. Quelques minutes plus tard, un couple me croise et je les informes qu’il y a des marmottes en faction un peu plus bas. C’était les derniers humains que je voyais de la journée. Enfin seul !
L’objectif de la sortie était double
M’isoler une peu dans la nature pour dormir au-dessus de 2000 mètres, et évaluer mon Big 4 (Sac à dos, Tente, Matelas et Sac de couchage) pour de prochaines aventures plus rugueuses. Si l’envie se faisait sentir je pouvais redescendre sur la zone de bivouac du refuge, voir faire une boucle par la vallée d’Orri le lendemain. Arrivé vers 18:00 à 2300 mètres sur une zone idéale de bivouac (abritée de roches par 3 côtés, plat, feu de camp possible, 100 m du torrent), j’ai de suite installé le campement car le ciel grondé depuis une heure déjà (En fin d’été, il n’est pas rare qu’un orage survienne en fin de journée pour laisser le ciel clair le lendemain). L’envie de monter ma tente sous la pluie ne me réjouissait pas, je n’ai donc pas attendu l’heure légale pour installer mon bivouac. Le bon sens avant tout 😉 .
Soirée solo en bivouac
La tente une fois en place et mes affaires à l’abri, je me suis dit qu’une petite flambée serait vraiment bien sympathique 🤫. Herbes sèches, petit bois mort sur pied (arbres), pommes de pin bien sèches, et petite branchette encore résineuse pour préparer un Feather stick (En français on dit pas plumeau mais hérisson 😉 ) afin d’allumer rapidement cette flambée. Ensuite quelques instant de bâtonnage avec mon meilleur nouvel ami le couteau Izula II d’ESEE (114 g) m’ont permis durant deux trois heures de profiter de la compagnie sonore du crépitement et de la légère chaleur compensant l’humidité de la nuit tombante.
A 19:00 heures j’ai faim, noix de cajoux, saucisson sec et un bon verre de rhum me permettent d’allonger ma soirée solitaire. Mon plat de ne me demandera que peu de préparation, car c’est un lyophilisé poulet curry au riz. 25 centilitres d’eau bouillante au réchaud dans le sac du plat, j’attends 10 minutes et voilà Monsieur est servi.
20:30, il fait encore jour, le coucher de soleil me permet de rédiger quelques notes sur papier pour ce prochain article. Je regarde les dernières lueurs illuminer faiblement les sommets au travers de ce manteau nuageux. Je passe en éclairage frontale, et j’allume ma mini lampe de camp. La soirée ne sera pas longue car les 1600D+ avec une ânée de 12 Kg (charge de l’âne) auront eu raison de ma journée.
J’arrête ici le récit et je vous propose la lecture d’une vidéo de cette première journée.